- édulcorer
-
• 1690; lat. sc. edulcorare, bas lat. dulcorare, de dulcis « doux »1 ♦ (1704) Pharm. Adoucir par addition de sucre, de sirop. ⇒ sucrer. Édulcorer une tisane.2 ♦ (1872) Cour. Adoucir, affaiblir, dans son expression. Rapporter des propos violents en les édulcorant. — P. p. adj. Un compte rendu très édulcoré. Version édulcorée des faits.⊗ CONTR. Corser, dramatiser.Synonymes :- sucrerAtténuer la dureté d'expression, la rigueur, le caractère acerbe de...Synonymes :- adoucir- atténuer- lénifierContraires :- durcirédulcorerv. tr.d1./d PHARM Adoucir (un médicament, une potion) en ajoutant un édulcorant.d2./d Fig. Adoucir; affadir. Transmettre des reproches à qqn, en les édulcorant.⇒ÉDULCORER, verbe trans.Rendre doux.A.— [L'obj. désigne un inanimé concr.]1. SCIENCESa) Vx, CHIM. ,,Verser de l'eau sur des substances en poudre pour les dépouiller des parties salines, alcalines, acides, etc., qu'elles peuvent contenir`` (Ac. 1798-1878).b) PHARM. Masquer le goût d'un médicament et l'adoucir par l'addition de sucre, de miel ou de sirop de sucre. (Quasi-)synon. dulcifier, sucrer. On édulcorera les tisanes avec les sirops de guimauve, de tussilage, de coquelicoc, etc. (GEOFFROY, Méd. pratique, 1800, p. 152).— Emploi pronom. à sens passif. S'adoucir. On a beau changer de poison Tous les breuvages s'édulcorent (ARAGON, Rom. inach., 1956, p. 124).2. P. ext. Rendre doux aux sens, en particulier au goût (cf. doux I A). Cette robuste viande (...) qu'édulcorait une sauce blanche aux câpres (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 211). Six cent trente-sept francs cinquante de lait anthéphélique de Candès. De quoi édulcorer (BENOIT, L'Atlant., 1919, p. 208).♦ Emploi pronom. à sens passif. C'est le printemps sévère encore, Mais qui par instant s'édulcore D'un souffle tiède juste assez Pour mieux sentir les froids passés (VERLAINE, Œuvres compl., t. 1, Sagesse, 1881, p. 261).— P. métaph. [En parlant de pers.] Le pauvre garçon [Marchenoir] était de ces fruits sauvages, d'une âpreté terrible, que la cuisson même n'édulcore pas (BLOY, Désesp., 1886, p. 51).B.— Au fig., souvent péj. [L'obj. désigne une expression de la pensée ou de la sensibilité] Faire perdre de sa dureté ou de sa vigueur à; donner un caractère plus doux, des formes moins acerbes à. Édulcorer un blâme, une pensée. (Quasi-)synon. affaiblir, affadir, atténuer. Cet amour latent, je peux à la rigueur le tuer, tout au moins l'étouffer, l'empêcher de se manifester; je ne peux pas l'édulcorer (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 1051).♦ Emploi abs. Largilier avait-il été trop dur en lui parlant d'emblée de la mort? Son ami n'était cependant pas de ceux à qui l'on déguise ni édulcore, ni qu'on convainc par atténuations, ni pour qui l'on grisaille les vigoureux noirs funèbres (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 471).♦ Emploi pronom. à sens passif. Ne soyons donc plus mécontents, Au contraire, et que s'édulcore Notre courroux, pourtant grondant (VERLAINE, Œuvres compl., t. 2, Odes en son honn., 1893, p. 37).— En partic., littér. Édulcorer une lettre, un récit, un texte :• ... ça m'embête qu'elle accepte le rôle, parce que je crains bien que Koning ne lui ait promis d'édulcorer complètement le rôle aux répétitions. La collation des rôles commencée, Koning est tout le temps, avec une obstination qui porte sur les nerfs, à trouver le mari trop dur, trop mal élevé, laissant clairement voir son intention, par des atténuations imbéciles, de chercher à faire de cette femme sans cœur et sans esprit un rôle sympathique.GONCOURT, Journal, 1892, p. 317.♦ P. méton. Il ne pouvait prétendre à peindre un Barbe-Bleue exact, mais il était sûr au moins de ne pas l'édulcorer, de ne pas l'amollir dans des bains de langue tiède, de ne pas en faire ce médiocre dans le bien ou dans le mal qui plaît aux foules (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 34).Rem. On rencontre ds la docum. édulcorant, ante, adj. et subst. masc., pharm. [En parlant d'un inanimé abstr. ou concr.] (Produit) qui édulcore. On nomme correctif des substances édulcorantes, des aromates, etc. (DORVAULT, Officine, 1844, p. 122). La saccharine, malgré son pouvoir édulcorant élevé, n'a aucune valeur nutritive (R. LALANNE, Alim. hum., 1942, p. 103).Prononc. et Orth. :[
], (j')édulcore [
]. Enq. :/
/ (il) édulcore. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1690 chim. « rendre doux » [par des lotions d'eau froide] (FUR.); 1704 « rendre doux par le moyen du sucre ou de quelque sirop » (Trév.); 1872 au fig. (GONCOURT, Journal, p. 922); 1929 édulcorant subst. (Lar. 20e). Empr. au lat. médiév. edulcorare (v. NIERM.) issu du croisement du b. lat. dulcorare « adoucir » avec le lat. impérial edulcare « rendre doux » (dulcis). Fréq. abs. littér. :14.
édulcorer [edylkɔʀe] v. tr.ÉTYM. 1690; lat. médiéval edulcorare, de ex-, et bas lat. dulcorare, de dulcis. → Doux.❖1 (1704). Pharm. Adoucir (un breuvage, un médicament) par addition d'une substance sucrée (sucre, miel, sirop, saccharose…). || Édulcorer une tisane.2 (1872, Goncourt). Fig., cour. Adoucir, affaiblir, dans l'expression. || Rapporter des propos violents en les édulcorant. ⇒ Atténuer, envelopper. || Édulcorer un blâme, une menace. ⇒ Mitiger.1 (…) l'homme aura toujours les formules heureuses qui, sans rien édulcorer, envelopperont les volontés du maître.Louis Madelin, Talleyrand, II, IX, p. 109.2 Partout flotte d'ailleurs une indulgence préalable qui édulcore les péchés possibles et prépare une aimable absolution (…)H. Bosco, Un rameau de la nuit, p. 305.——————édulcoré, ée p. p. adj.♦ || Médicament édulcoré. — (1836, Barbey). Fig. || Un compte rendu très édulcoré.3 (…) en dictant à l'adresse de personnages plus puissants que lui des projets de lettres qui ne parviendront jamais à leurs destinataires — sinon sous une forme très édulcorée.P. Daninos, Un certain Monsieur Blot, p. 36.❖CONTR. Corser, renforcer.DÉR. Édulcorant, édulcoration.
Encyclopédie Universelle. 2012.